Les lauréats du Prix national de la Fondation du patrimoine pour l’agrobiodiversité animale 2023 ont été annoncés le 11 mai 2023.
Au cœur de la biodiversité, et en lien étroit avec l’Homme, ils sont indispensables à nos écosystèmes et une ressource essentielle pour nourrir la population mondiale. Et pourtant, faute de mesures adéquates, plus de 2.200 d’entre eux pourraient disparaître dans les 20 années à venir1… Ce sont les animaux de la ferme ! Il apparaît urgent de protéger ces espèces d’élevage menacées et ainsi préserver la biodiversité de notre planète.
C’est pourquoi la Fondation du patrimoine et Ceva Santé Animale, accompagnés d’un mécène privé, ont créé en 2012 le Prix national pour l’agrobiodiversité animale soutenu par le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette année, un éleveur et deux exploitations de lycées agricoles sont récompensés pour leur engagement et leur travail au quotidien auprès de races agricoles françaises qui, sans eux, seraient amenées à disparaître :
Des projets responsables, soutenus par des éleveurs passionnés par leurs animaux
Développer des circuits courts autour de la vache armoricaine pour une production durable
Pour Christophe LEBRET, il est essentiel de rendre l’agriculture instructive. Au sein de son exploitation agricole qui est rattachée à un lycée privé, il enseigne les bases de la vie rurale aux élèves et la diversité des systèmes de production de viande bovine.
En outre, Christophe tente aussi de préserver l’espèce de la vache armoricaine menacée d’extinction : il conserve toutes les génisses nées sur son élevage, développant ainsi son cheptel et assurant la reproduction de la race.
Pour pouvoir proposer une viande unique, de qualité et disponible en circuit court avec la création d’un point de vente, les vaches armoricaines de cet élevage sont destinées à allaiter. L’objectif est d’atteindre la production de bœufs élevés 100% à l'herbe d’ici 3 ans.
“Au-delà de la préservation de la race, nous souhaitons sensibiliser les élèves à une diversité d’élevages et de cultures présents sur notre territoire” précise Christophe.
Le projet :
- Création et aménagement d'un point de vente pour le retrait des colis de viande en filière courte et locale
- Actions locales en lien avec la race : financement de clôtures détruites par l'incendie de l’été 2022 à Brocéliande, extension de la zone de pâturage extensif
- Actions pour la promotion de la race telles que des journées techniques ou des expositions
Un projet pédagogique autour du coq pêche du Limousin
Rattachée à un lycée agricole, la Ferme du Manus accorde une réelle importance à l’aspect pédagogique de l’économie rurale. De nombreux acteurs travaillent main dans la main à la pérennisation d’une espèce menacée : le coq pêche du Limousin.
Initialement, cet animal est connu pour ses plumes servant d'appât dans la pratique de la pêche. Victoire CARTON, directrice de l'exploitation, a adapté son exploitation en un espace de préservation de cette race.
“Au travers du volet pédagogique, nous tenons à faire de cette ferme un lieu de transmission et de sensibilisation face à la menace d’extinction de l’espèce” indique Victoire.
Aujourd’hui, elle ouvre le dialogue avec d’autres acteurs du territoire pour échanger sur le patrimoine génétique du coq pêche et ainsi favoriser sa reproduction.
Le projet :
- Étude génétique et conseil technique de l'espèce auprès du SYSSAF (Syndicat des Sélectionneurs Avicoles et Aquacoles Français) et de la chambre d'agriculture de Corrèze
- Contractualisation d'un technicien avicole
- Sensibilisation auprès des éleveurs de coqs pêche du Limousin
- Développement de la notoriété des plumes de pêche fabriquées en France
Développer une pépinière pour valoriser la chèvre poitevine
Mathias et Charline CHEBROU tiennent la Ferme du vieux Chêne. Père et fille traversent la France à la recherche des meilleures chevrettes poitevines.
Sélectionnées rigoureusement, elles sont destinées à intégrer un cheptel de producteurs pour assurer une génétique et un standard de qualité. En effet, la consanguinité est un vecteur de mortalité qui met à mal la pérennisation de la chèvre poitevine. Cette rigueur dans la génétique assure la production de lait sanitairement fiable.
“Ce projet tourne autour de la qualité, du bien-être animal et de la sensibilisation auprès des professionnels et particuliers !”, précise Mathias.
Chaque année, près de 300 chèvres poitevines intègrent la production de Mathias et Charline, ce qui assure le développement de cette race.
Le projet :
- Élever les chevrettes jusqu’au sevrage afin de les vendre aux futurs éleveurs qui souhaitent bénéficier d’animaux de qualité
- Optimiser l'accueil des chevrettes
- Développer la communication pour plus de visibilité
Certains animaux de ferme sont aussi des espèces à protéger
A l’heure où les consciences s’éveillent sur l’avenir de notre planète, la menace qui pèse sur la biodiversité est plus que jamais mise en lumière. Si aujourd’hui il ne fait aucun doute que certaines espèces d’animaux sauvages sont menacées de disparition, beaucoup ignorent encore que c’est aussi le cas pour nos animaux de ferme. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), plus de 17 % des races d’élevage sont menacées d’extinction dans le monde, et l’une d’entre elles disparaît définitivement chaque mois. Face aux nouveaux défis sanitaires, climatiques et environnementaux, plusieurs éleveurs français tentent de préserver cette biodiversité en valorisant des races agricoles représentatives d’un patrimoine génétique unique. Au travers de divers projets menés par des passionnés, ces éleveurs militent contre l’extinction des races endémiques.
Afin de les récompenser et de désigner les trois lauréats du Prix pour l’agrobiodiversité animale, le jury s’appuie sur trois critères majeurs : la valorisation économique du projet, son impact social ou environnemental sur un territoire, les actions de sensibilisation et de communication autour d’une race à préserver.
“Plus les années passent, plus le Prix de l’agrobiodiversité résonne comme une évidence pour soutenir ces éleveurs qui s’engagent chaque jour dans des projets d’agriculture durable et de valorisation de la biodiversité animale. Depuis la création du prix il y a 11 ans, l’urgence de préserver notre biodiversité agricole ne cesse de croître, et chez Ceva Santé Animale, nous sommes fiers de pouvoir mettre en lumière ces projets essentiels dans la sauvegarde de nos écosystèmes et valoriser le lien qui unit les hommes aux animaux et à l’environnement.” Dr Marc Prikazsky, PDG de Ceva Santé Animale
“La Fondation du patrimoine a reçu pour mission de sauvegarder le patrimoine bâti en même temps que le patrimoine naturel. Dans les campagnes, nos races agricoles locales ont façonné les paysages et continuent aujourd’hui de les préserver. Elles sont riches d’un patrimoine génétique unique. Depuis la création du prix il y a 10 ans, nous avons constaté un tel engouement positif autour des lauréats, que nous sommes d’autant plus fiers de pouvoir soutenir à travers ce prix des éleveurs qui sauvent ce patrimoine vivant et qui nous appartient tous.” Célia Verot, Directrice générale de la Fondation du patrimoine